Les temps forts du Méta ne s'appellent pas "Rencontres" pour rien : cette semaine a été particulièrement riche en nouvelles collaborations pour nous au Théâtre au Corps.
Eliakim Sénégas-Lajus a ainsi pu suivre la première étape des Arpentages de la cie Ex Nihilo, qui accomplit des tournages sur tout le territoire de Poitiers, puis travailler avec l'autrice Penda Diouf pour réaliser une carte blanche, née de leur rencontre.
Chapitre 1 : tournages dansés
"Alors que se profile la journée Tactiles du 26 novembre à Beaulieu, dans laquelle les artistes de la cie Ex Nihilo vont intervenir, j'ai été amené à les suivre pour les premiers tournages liés à leur projet d'Arpentages sur tout le territoire de Poitiers. En lien avec le Méta, il s'agit pour elles et pour eux de capter des images de danse dans une multitude de lieux pour donner à voir la ville à partir d'un autre regard. Nous allons en particulier dans le quartier des Templiers, à proximité du Centre de Beaulieu où aura lieu Tactiles.
Anne Le Batard, codirectrice de la cie, et Camille Sanchez, régisseuse vidéo, filment. Tom Honnoré, guitariste, joue. Jean-Antoine Bigot, codirecteur de la cie, danse, parfois rejoint ou relayé par d'autres, dont, sur cette semaine, Coline Delgado (et à quelques occasions, moi aussi).
Au départ réuni·es par nos discussion autour du sens du toucher et par la place que celui-ci prend dans leur pratique, je suis d'abord étonné par l'aspect très visuel de leur démarche ; choix du cadre, improvisation qui se pense en lien avec le paysage urbain... C'est en expérimentant à mon tour le passage devant la caméra que je perçois à quel point cette perception tactile de l'environnement immédiat, ou de l'autre danseur, prend une place importante dans l'improvisation, comme moteur, comme manière de se reconnecter à la fois au lieu et au mouvement. Le cadre de la caméra ouvre un cadre de recherches particulièrement exaltant, et ces trois jours de complicité donnent l'envie de continuer à prolonger cette Méta-rencontre."
Chapitre 2 : carte blanche
"Pour initier le compagnonnage qui nous allie au Méta et au TAP pour deux ans, il nous a été donné une carte blanche, avec Penda Diouf. Nous en avons fait l'occasion de nous rencontrer, et de partager le fruit de cette rencontre après deux jours d'échanges et de travail commun.
Là aussi, tout est question de cadre : le temps resserré sur lequel nous nous retrouvons nous oblige à avancer vite, et libère quelque chose dans la manière dont nous sommes amené·es à échanger sur nos constructions artistiques et sur nos aspirations. Là aussi, reste le désir d'imaginer d'autres suites à l'expérience quand celle-ci s'achève.
En imaginant les contours de ce à quoi pourrait ressembler notre cohabitation poitevine, nous nous sommes amusé·es à composer une bibliothèque commune, à partir des fondations propres à chacun·e, pour mieux inventer un rite d'inauguration qui nous serait propre, une sorte de crémaillère de compagnonnage. Nos différences de parcours intellectuels et imaginaires donnaient paradoxalement place à de jolies proximités dans nos exigences et nos inclinations.
Cette année, nous aurons l'occasion de nous retrouver autour des randonnées d'écriture que va diriger Penda Diouf au printemps. La saison prochaine devrait continuer à fleurir d'initiatives partagées, et c'est une perspective particulièrement réjouissante."
Pour tout cela, nous tenons une fois encore à remercier l'équipe du Méta, pas uniquement pour leur soutien inestimable, mais aussi pour la manière dont le CDN parvient à susciter des échanges, entre artistes, avec les spectateur·trices régulier·es ou de passage, et pour la chaleur qui se dégage à chaque fois de ces temps fort, même en automne.
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