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Texte 1

Coincée dans mon costume.

Pour la photo, tout le monde prend une pose simple, juste là avec le sourire, la famille quoi. 

Moi, non.

 

Je prends une méga pause, dans ma superbe petite robe.

J’ai 7 ans. 

Quelques semaines plus tard, on reçoit les photos.

« Qu’elle est jolie. » C’est ce que tout le monde dit.

Moi j’ai honte. Je me dis, mais pourquoi j’ai voulu me mettre en avant comme ça ?

 

Coincée dans mon costume de super petite fille.

 

Mon frère dispose les bâtons sur le muret. Je choisis mon arme, et lui la sienne.

Puis c’est parti. Comme d’habitude.

C’est mon grand frère, mais il a à peine un an de plus que moi. L’issue est à chaque fois incertaine.

 

Cette fois-ci, j’ai pu choisir un bâton un peu courbe et souple, bien solide, c’est ceux que je préfère.

Le combat démarre, et je prends assez vite le dessus. Ses assauts ne donnent rien. Je maitrise les échanges. C’est simple : je suis la plus forte.

 

Et là, je sens qu’il ralentit.

Il a à peine un an de plus que moi, mais c’est mon grand frère.

Alors il se contente de parer les coups. Il ne cherche plus à me toucher.

J’attaque encore plus vite, encore plus fort.

Lui en fait de moins en moins.

 

Je lui dis « vas-y, frappe ! »

Il me sourit. Il ne veut pas me faire de mal.

Ma victoire, il ne l’admettra pas.

 

Je suis coincée.

Coincée dans le costume de super petite fille que je veux absolument revêtir.

 

Texte 2

Je me souviens de ça… 

Il fallait bien s’appliquer, pour rendre l’image désirée.

Pas trop penché, pas trop droit, détendu quoi.

Mains… Poches. 

Sauce piquante ? Bien sûr. 

Une loi que devait écouter l’adolescent que j’étais. 

 

« Les traits fins »

« Il a les traits fins »

Alors que finalement aujourd’hui à la vue des photos, je dirais plutôt que j’avais de bonnes joues. Enfin passons.

 

Et puis… « avec cette coupe de cheveux on dirait vraiment une fille »

La grand-mère de l’ami chez qui je vais jouer aux jeux vidéo. Hilare. L’ami qui ricane, gêné.

En rentrant, je demandais à aller chez le coiffeur le lendemain.

« J’aimerais ressembler à un garçon », surtout pour cette fille qui me rendait amoureux transi, et qui me déclare que « c’est vrai que la première fois que je t’ai vu rentrer dans les toilettes des garçons ça m’a fait un choc »

 

Une loi ça s’applique. 

On ne peut pas s’exclure de la loi.

Alors il faut se maitriser. Tenir les épaules pour anticiper la carrure à venir. 

C’est le moyen de plaire. Affirmer sa nature d’homme contre son corps androgyne.

S’inscrire dans la lignée millénaire des conquérants de mon espèce, pour être reconnu en tant que tel, et jouir des privilèges qui leur sont accordés.

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