Clôturer ces temps de résidences permis par Création en cours laisse à la fois très heureux et légèrement mélancolique : je pars en tout cas de Cozes avec l'espoir que le foisonnement des rencontres pourra donner lieu à des suites dans l'avenir.
C'est l'enseignante du collège des Vieilles Vignes qui me l'a dit après avoir regardé un atelier commun à sa classe de sixième et aux enfants de l'école de Cozes : "C'est impressionnant, ils dansent." Sur les six mois sur lesquels nous nous sommes vu·es avec les cinquante élèves des classes de CM1 et de CM2 de l'école Marcelle Nadaud, les observer évoluer dans leurs mouvements, dans leur aisance à prendre la parole, ou à formuler des choses sur scène a été la découverte la plus gratifiante.
Nous repartons de Cozes avec les interprètes du projet Bande d'enfants plein·es d'enthousiasme et d'envie de mener au bout cette création. Les mots des enfants, leur manière de désigner leurs corps comme leurs espaces de jeu, leurs relations les un·es avec les autres, leurs façons d'entrer dans le mouvement dansé... Ce bain nourrit nos impulsions. Revenir dans le lieu de l'école, avec chacun·e des interprètes du projet, nous a de plus reconnecté avec nos propres passés d'enfants.
Nous avons en fait ressourcé nos questionnements dans cette immersion sensible et pédagogique. Ils en ressortent d'autant plus aiguisés. Côtoyer la violence quotidienne du clivage de genre à l'école nous affermit dans notre désir d'en interroger un des avatars les plus manifestes : la culture du viol sur laquelle nous sommes construit·es. Cela consolide l'aspiration à la base de Bande d'enfants d'aller en sonder les racines dans l'enfance, dans le rapport au groupe.
Une mère d'élève l'a confié à l'institutrice juste après notre représentation finale : "moi aussi on me forçait à faire des bisous". Alors nous allons continuer : porter ces réflexions à la scène pour tenter de re-problématiser nos vécus et nos désirs.